Inflation : pourquoi la vente à perte des carburants pourrait faire exploser le prix des aliments ?

© Wassim Chouak / dolgachov

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Face à la situation difficile rencontrée par les Français, le gouvernement a écarté l’idée d’une remise à la pompe et n’a pas reconduit le dispositif des chèques carburant. De nombreux économistes s’interrogent sur son efficacité, tandis que d’autres craignent une flambée des prix des produits alimentaires, carles distributeurs pourraient augmenter leurs marges sur ces produits pour compenser les pertes liées à la vente à perte. Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et d’études stratégiques, anticipe des opérations ponctuelles de grandes enseignes pendant un ou deux mois selon les zones géographiques et les situations concurrentielles, mais pas de généralisation de la vente à perte.

La guerre des prix sur les carburants

De nombreux observateurs estiment que si les distributeurs engageaient une guerre des prix sur les carburants en acceptant de perdre de l’argent sur cette activité, ils compenseraient inévitablement ailleurs. « Avec une telle mesure, on demande à l’alimentation de subventionner les carburants, ce qui est très surprenant lorsque l’on cherche à réduire notre dépendance aux énergies fossiles« , s’étonne Serge Papin, consultant spécialisé dans la distribution. Quoi qu’il en soit, le potentiel assouplissement temporaire de la vente à perte suscite l’inquiétude parmi les petites stations-service face à une concurrence jugée excessive des grandes enseignes.

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Les indépendants face aux grandes surfaces

« Cela n’est pas économiquement viable pour les distributeurs indépendants qui ne peuvent compenser les pertes liées à cette activité avec d’autres recettes, telles que les produits alimentaires« , souligne l’organisation professionnelle Mobilans représentant les 5 800 stations-service extérieures aux grandes surfaces. Pour éviter cette situation, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, la ministre déléguée chargée de l’énergie Agnès Pannier-Runacher et la ministre déléguée chargée du commerce, des artisans et des PME Olivia Grégoire ont rencontré les représentants syndicaux Mobilans au ministère de Bercy.

Un plan d’aide pour les stations-service traditionnelles

Les ministres se sont engagés à mettre en place un plan d’aide à destination des stations-services traditionnelles comprenant des mesures de compensation. Ces dernières pourraient prendre diverses formes :

  • Soutiens financiers directs ou indirects pour pallier les pertes liées à la vente à perte ;
  • Allégements fiscaux temporaires afin de donner davantage de marge de manœuvre aux petits distributeurs ;
  • Mise en place de dispositifs permettant une meilleure régulation des prix pour éviter les pratiques déloyales.

L’impact sur les prix des produits alimentaires

Les consommateurs pourraient donc observer une baisse ponctuelle des prix à la pompe. Toutefois, il est possible que cette mesure impacte également les prix des produits alimentaires. En effet, si les grandes enseignes devaient compenser les pertes engendrées par la vente à perte des carburants en augmentant leurs marges sur l’alimentation, cela pourrait entraîner une hausse des prix dans les rayons alimentaires.

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Un dilemme entre économie et écologie

La question se pose alors : doit-on soutenir financièrement les Français pour qu’ils continuent d’utiliser leur véhicule, ou, au contraire, mettre en place des mesures poussant les citoyens vers des solutions alternatives et respectueuses de l’environnement ? Ainsi, le potentiel assouplissement de la vente à perte sur les carburants soulève un véritable débat sociétal et relance la réflexion autour des choix politiques visant à réduire la dépendance aux énergies fossiles, tout en tenant compte du pouvoir d’achat des consommateurs et de leurs besoins quotidiens.

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